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Tourisme médical: un secteur très lucratif mais négligé au Maroc

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Tourisme médical: un secteur très lucratif mais négligé au Maroc

L’Institut marocain d’intelligence stratégique a dévoilé les recommandations d’une étude portant sur l’évolution de la niche tourisme médical au Maroc, mise à mal par la pandémie. Selon ses deux rédactrices, ce marché est toujours largement sous-exploité alors qu’il est capable de générer des revenus importants et pourrait compléter l’offre touristique du Royaume.

Elaboré par l’Institut marocain d’iIntelligence stratégique (Imis), un document publié le 11 novembre montre que le Maroc pourrait s’imposer davantage dans la niche du tourisme médical international où il n’est pas assez présent malgré une localisation, un parc hôtelier et un accès aérien de qualité…

Après un rapide tour d’horizon du secteur, l’étude émet des recommandations pour renforcer la place du Maroc dans ce marché de niche et en faire à terme une destination incontournable en Afrique.

En quoi consiste le tourisme médical?

En pleine croissance dans le monde entier, cette industrie du tourisme consiste à faire bénéficier la patientèle de soins médicaux et de services touristiques autant au niveau national qu’international.

Ainsi, une fois arrivé au Maroc, le touriste patient peut s’orienter soit vers les activités de bien-être (spas, thalassothérapie…), soit vers les traitements hospitaliers et les opérations chirurgicales (oncologie, radiologie, greffes, laboratoires de tests…).

Si aucune donnée chiffrée n’existe pour quantifier l’offre marocaine, la valeur réelle du marché mondial du tourisme médical est de plus de 74 milliards de dollars pour environ 14 millions de touristes médicaux avec une perspective de croissance du marché à deux chiffres.

La croissance du tourisme médical est tirée par le vieillissement de la population dans une société postmoderne où l’espérance de vie est élevée, celle-ci étant associée à une meilleure accessibilité aux services/procédures médicaux de qualité et à moindre coût.

Somme toute, le tourisme médical participe à la croissance de l‘économie locale: en générant des revenus directs en devises, en développant l’emploi et en dynamisant l’entrepreneuriat.

De surcroît, ce secteur est également vecteur d’externalités positives dans la mesure où il contribue à l’essor des secteurs associés (pharmaceutique, équipements sanitaires, tourisme local…).

Où se classe le Maroc dans cette niche particulière?

Selon l’Index du tourisme médical (MTI), le Maroc est classé 31e sur un total de 46 destinations; notamment grâce à sa réputation internationale sur le plan environemental touristique et 35e pour la qualité des facilités et des services médicaux.

Toutefois, avec plus de 13 millions d’arrivées en 2019, le Maroc est plus connu pour ses efforts dans le secteur du tourisme que pour ceux du secteur médical.

En effet, si le Maroc est la première destination touristique en Afrique, il arrive cependant en deuxième position du continent en termes de tourisme médical, après l’Afrique du sud, et 26e au niveau mondial pour ce qui est du facteur permettant de mesurer l’industrie du tourisme médical.

La raison est que la disponibilité de main d’œuvre médicale est jugée insuffisante pour assurer une prise en charge de qualité et que la qualité des installations et des services n’a pas été améliorée.

C’est la raison pour laquelle le Maroc tente de développer des initiatives du secteur privé comme la construction d’un complexe de soins de santé à Marrakech qui offre des services médicaux de pointe, ainsi que des services en cardiologie et radiologie avec une capacité annuelle de 5.000 patients.

Marrakech Healthcare City, un exemple à suivre

Ainsi, le promoteur émirati Tasweek a investi environ 100 millions de dollars pour construire « Marrakech Healthcare City » qui est un village touristique luxueux de 12.000 m2, dédié à la santé.

Ce complexe hôtelier médical comprend un centre de réhabilitation luxueux d’une capacité de 160 lits, un hôtel avec une soixantaine de suites, 16 blocs opératoires et 80 appartements médicalisés.

Ses spécialités incluent la cardiologie, la neurologie, la traumatologie, la dentisterie, l’ophtalmologie, la réhabilitation vasculaire et neurochirurgicale… mais on y trouve également une zone de soins de beauté avec des technologies performantes qui traitent par exemple du vieillissement.

Sachant que son inauguration, prévue en mai dernier, a été reportée à cause de la crise sanitaire, de nombreux spécialistes étrangers exerceront dans cet établissement aux côtés de 71 médecins et professeurs marocains qui pallieront au manque de personnel médical et de praticiens très qualifiés.

Si ce projet illustre la volonté du Maroc de développer cette industrie de niche médical, la construction d’autres unités à Tanger et à Dakhla est prévue par le promoteur émirati dans les prochaines années.

L’avenir reposera sur la création d’un office du tourisme médical

Avant d’en arriver là, le Maroc devra créer un office/bureau de tourisme médical, qui puisse engager la participation des secteurs privé et public pour aplanir les difficultés d’accès aux soins médicaux.

Les problématiques qui seront traitées toucheront dès lors à l’exonération fiscale des non-résidents qui se soignent au Maroc, à l’attribution des visas pour raisons médicales, à la création d’organismes de coordination de séjours comme cela se fait en Turquie, Tunisie …

Cela permettra d’attirer davantage d’Investissements directs étrangers (IDE) vers un secteur qui générera des retombées financières et fera prospérer la sphère d’un renouveau de l’industrie de santé.

Pour l’instant, aucune donnée concise ne permet d’estimer avec précision le flux de patients potentiels au Maroc mais certains experts évaluent approximativement le panel à 50.000 patients chaque année.

A terme, obtenir une accréditation pour se différencier de la concurrence

Si à ce jour, le Maroc ne possède aucun hôpital accrédité au niveau international, la Semac, organisme d’accréditation du ministère de l’Industrie et du commerce, sera chargé de décrocher ces accréditations.

En effet, pour être accrédité, un hôpital visant à être homologué international doit répondre à un ensemble de normes rigoureuses établies aux Etats-Unis par une commission du ministère de la santé.

De surcroît, ces accréditations renforceront la position du Maroc sur le champ de bataille concurrentiel, en comblant de facto les lacunes de fiabilité.

Avant de se faire reconnaître à l’international, le tourisme médical marocain devra donc élaborer un véritable cadre réglementaire et obtenir des accréditations et des labels internationaux avant d’être en mesure de se vendre sur les marchés étrangers et de faire la différence avec la concurrence.

Ce n’est qu’en endossant ces recommandations que les auteurs pensent que le Maroc pourra résister aux effets de la crise du Covid-19 et se positionner à terme comme leader de cette industrie en essor.

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